L’ANSES a publié un nouveau rapport « Effets sur la santé humaine et sur l’environnement (faune et flore) des diodes électroluminescentes (LED) ».

Ce rapport, très complet, fait la synthèse de toutes les études réalisées sur le sujet. Pour la partie biodiversité, l’analyse est très bien justifiée puisqu’il est stipulé qu’« une expertise évaluant l’effet des LED sur l’humain ne peut s’affranchir d’une étude de leurs effets sur le monde vivant et sur l’environnement en général ». Le rapport rappelle ensuite les effets globaux de l’ALAN (Artificial Light At Night) sur la biodiversité, en indiquant notamment que la « lumière est aussi une source d’informations essentielle permettant la répartition et l’orientation spatiale des espèces selon qu’elles sont diurnes, crépusculaires ou nocturnes, migratrices ou sédentaires. Ces réponses ont nécessité la mise en place de stratégies adaptatives afin de capter au mieux l’information lumineuse (cellules et organes de la photoréception) et fournir les réponses appropriées (recherche de nourriture ou du partenaire sexuel, évitement du prédateur…) ». Ainsi que «Photopériode, horloges circadiennes et mélatonine sont des éléments essentiels du système circadien par où sont synchronisées une myriade de fonctions métaboliques, physiologiques et comportementales sur les variations journalières et saisonnières de leur environnement (Boissin and Canguilhem, 1998)». L’ANSES précise ensuite que l’ALAN, et les LED, à fortiori viennent s’ajouter aux autres menaces anthropiques pesant sur la biodiversité. Mais que, par approche très anthropocentriste, la majorité des études actuellement réalisées sur l’impact des LED sur les animaux concernent les espèces domestiques afin d’en améliorer la productivité. Mais que le plus grand nombre d’études pour les mammifères sauvages concernent les chiroptères. Et, après un rappel général sur la sensibilité des chiroptères à l’ALAN (attraction, répulsion, modification comportementale…), le rapport indique que selon Rowse et al. (2016), le remplacement des lampes sodium basse pression par des LED blanches ne modifie pas la réponse des chiroptères.

Mais que l’étude de Stone et al. (2012) montre que l’activité des espèces à vol lent (rhinolophus et myotis) est réduite même à des éclairements très faibles (3,6 lux) alors que les espèces à vol rapide (pipistrellus, eptesicus, nyctalus), l’éclairement même fort (49,8 lux) n’affecte pas l’activité. Puis le rapport explique le rôle attractif de l’ALAN sur les lépidoptères nocturnes et le fait que l’ALAN perturbe la détection des ultrasons par les lépidoptères les rendant donc plus vulnérables. Mais selon Altringham et Kerth, (2015) et Azam (2016) si à court terme l’ALAN apparaît comme un avantage pour les chiroptères sur le long terme c’est un désavantage puisque cela entraîne un risque accru de collision et une raréfaction des proies. Enfin, le rapport indique que la construction de voies de circulation entraîne une fragmentation de l’habitat et une diminution des populations de chiroptères en raison de réactions en cascade :
(1) la perte de l’habitat,
(2) la perte en qualité de l’habitat, incluant, le bruit, l’ALAN et la pollution
chimique (échappements),
(3) les collisions avec les véhicules et structures solides,
(4) la fragmentation de l’habitat (Altringham et al., 2015).
Et que les autorités publiques anglaises prennent en compte ce phénomène dans les études d’impact.
Le rapport complet est disponible à :
https://www.anses.fr/fr/system/files/AP2014SA0253Ra.pdf
Sur le même thème :
Vous pouvez consulter l’arrêté du 27 décembre 2018 relatif à la prévention, à la réduction et à la limitation des nuisances lumineuses : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000037864346&dateTexte=20190702
Et son décryptage proposé& par le CEREMA : https://www.cerema.fr/fr/actualites/decryptage-arrete-ministeriel-nuisances-lumineuses-contexte

Loïc SALAÜN (publication originale dans le Grand’Mu)